Siège de la tirelire blanche
Plus « vertébré » que la plupart des autres livres de Matthieu Messagier car composé de fragments numérotés de 1 à 119, ce dernier opus se donne ainsi à lire au fil des saisies successives que le poète exerce en son temps intérieur. 119 postulats de l’énigme d’être, dans le déjà petit miracle d’être là, vers que cite Renaud Ego, un des meilleurs connaisseurs de l’œuvre du poète, dans son admirable livre, Matthieu Messagier, l’arpent du poème dépasse l’année-lumière (Jean-Michel Place, 2002) […] Capteur des densités du dehors si souvent étouffées, le poème vibre d’une pluralité d’influx, déploie les contours d’une présence que seul l’écran de la page peut accueillir . L’écriture de Messagier a sa temporalité agitée ou extatique ; au sortir de plongées lentes, les traits harmonieux du monde composent avec leurs accrocs. On est tenté de voir, dans ses assauts de matière, ces spirales de sens et de non-sens réconciliés, dans cet afflux d’éléments organiques, un prolongement du mouvement biologique originel, le contact des éléments chimiques engendrant leur précipité de couleurs vives, projetées, éphémères.
Christophe Fourvel. In Le catalogue. N°8, juin 2006.