Mystic & Smart - Malek Abbou
Squelettes couronnés, guerriers, rois, princes, paladins, entités sublunaires ou saints hommes en tenue d’apparat, tous revêtus de leurs dignités respectives, nantis des attributs de leurs pouvoirs : auréoles, couronnes, sceptres, masses d’armes, couteaux et pistolets… Si les chroniques célèbrent mal leurs exploits c’est qu’aucun mémorialiste n’a pu soutenir le regard extra-oculaire de ces inframondains qu’un état vibratoire dispose au même diapason de la coquetterie, de la désinvolture, de l’élégance crâne.
Ce modèle clunisien de sainteté est en vérité un Hospitalier de l’Ordre de la fulguration. Ce Patron de la volupté et des ordures a mérité son auréole pour avoir traduit, fût-ce en rêve, les ivresses de la jument de Gengis Khan, et croyez que l’indifférence jouée du Carloman pulvérulent d’ors envers un séide lorgnant ses lambeaux d’Empire ne doit rien à l’hydromel. Quel serment d’allégeance vient de rompre ce transplutonien, seul de son clan, enfui de la Zone 51 ? On ne compte plus les trafics d’influences, les ascendances obscures qui entrent dans les obédiences de toutes ces figures souveraines nées d’un immémorial Temps du Rêve, d’un ruissellement de sagas septentrionales, d’opéras fous, de ballets de marionnettes palermitains ou de quelques galeries d’ancêtres auxquelles les châteaux hantés de la Renaissance nous ont habitué.
Matthieu Messagier qui sait la pauvreté plus généreuse que l’opulence a constitué pour ses créatures un dress-code des plus smart, rhabillant son cortège mystico-barbare de serviettes en papier imprimées de motifs dérisoires aussitôt réinventées en lavallières, tutus, surcots, brocards, tuniques ou guipures des plus seyantes sur ces nouveaux rois poudrés de la night. Furieux dandysme s’il en est, hérité d’aucune école. Nul ars moriendi, nul memento mori qui tienne dans ces modulations frémissantes et ces déflagrations de coloris vibrants sur fond noir. C’est dire si Mystic & Smart s’éloigne de toute tentation de vanité pour céder la place à l’innocence hallucinée, proche de celle d’un enfant mexicain croquant à pleines dents dans son crâne de guimauve lors du fameux Jour des morts, jour de tous les saints, de tous les flambeurs, noceurs et viveurs.
